Il nous a paru intéressant de réfléchir à un programme de concert qui mettrait en évidence l'importance du concerto de soliste à travers deux époques différentes : Mettre en miroir deux conceptions du concerto, voilà une ambition.
Beethoven, au début de la chaîne, comme précurseur du genre. N'oublions pas qu'il était à la fois pianiste virtuose et compositeur de génie. L'un servant l'autre et vice versa. Au début du 19ème siècle, il donna un nouveau souffle au concerto, lui donnant des proportions plus grandes et plaçant le soliste au centre de l'ouvre. Il a également élargi la palette sonore et la puissance de l'orchestre. Tous ces éléments vont ouvrir une nouvelle ère du concerto dans laquelle vont s'engouffrer tous les compositeurs romantiques, pérennisant ainsi le genre concertant. Certes, le 2e concerto op.19 pour piano de Beethoven, interprété ici par le pianiste-concertiste Gérard Gasparian, est en réalité le premier par sa date de composition, et est encore sous le poids des clichés de l'écriture mozartienne, mais il a un intérêt particulier : sa cadence du premier mouvement, réécrite 18 ans après, nous fait entendre du Beethoven de la dernière période, avec ses audaces harmonique proches d'un Hammerklavier, par exemple.
A l'autre bout de la chaîne, le compositeur français Anthony Girard et son concerto pour violon et orchestre intitulé « L'échelle de la beauté », sous l'archet du violoniste Bernard Mathern, qui verra là ça création française. Auteur contemporain, il perpétue le genre concertant non sans innover. Pour lui, la création musicale doit favoriser l'accès à un espace de liberté, de plénitude. La médiation poétique favorise, selon Anthony Girard, une mise à distance des préoccupations d'écriture et de toute velléité d'expression « personnelle » à la faveur d'une vérité émotionnelle, d'une ouverture sur l'inconnu.
Pour encadrer ce programme, la Sérénade pour cordes en mi mineur de Elgar, compositeur anglais de la charnière 19ème-20ème siècle, et le divertimento k136 pour cordes de l'immortel Mozart, par le Nouvel Orchestre de Chambre de Rouen, placé sous la baguette experte de son directeur musical Joachim Leroux.