Dimitris Saroglou a plusieurs cordes à son arc : pianiste soliste de formation classique, habitué des grandes scènes internationales, il peut par ailleurs s’adonner aussi bien aux improvisations dans le style jazz, qu’intégrer les ensembles de musique contemporaine, dans lesquels il se produit très souvent. Il est également compositeur, et enseignant aux élèves de haut niveau au Royal Académie de Bruxelles, et enfin, président d’un Festival de musique classique dans le Vexin, dont il est lui-même le fondateur.
Son programme de ce soir « Les classiques célèbres » n’est nullement un recours à la facilité. Ce serait bien au contraire un défi pour lui-même et pour le public, car c’est en effet dans les œuvres les plus connues que le public mélomane s’avère être le plus exigeant envers les musiciens !
Justement, nous l’avons vu à l’œuvre dans ses récitals d’automne l’an dernier, où en l’espace de 15 jours et 8 concerts, il a littéralement « balayé » sous ses doigts tout le grand répertoire pianistique, avec la même aisance et le même sourire entre les pièces.
Nous ne présentons donc plus les « Marche turque », les « Sonate pathétique » ou autre « Clair de lune ».
Disons simplement que ce programme comporte une grande variété de forme entre les pièces : la variation avec Mozart, la forme classique de la sonate avec la « Pathétique » de Beethoven, ou le très atypique premier mouvement lent du « Clair de lune » du même compositeur.
Nous avons ensuite du Chopin avec valses, mazurkas et nocturnes, et la très célèbre Fantaisie-Impromptu dont nous citons ici quelques mots d'Alfred Cortot, concernant les revers et dangers de la popularité de certaines ouvres : « Il n'est pas de pianistes qui n'aient tenté de déverser sur le clavier, grâce à ces pages, des torrents de virtuosité approximative, joints aux manifestations d'une excessive sentimentalité.
Un humoriste de l'époque avait même pu affirmer que si cet Impromptu n'existait pas, il ne resterait plus au cours de musique des pensionnats de jeunes filles qu'à fermer leurs portes.
Une tradition regrettable a faussé l'interprétation de charmant caprice et dénaturé, en les exagérant, les qualités de spontanéité frémissante et d'émotion qui en font le prix.»
Gérard Gasparian